dimanche, 28 novembre 2010

"Le mutlticulturalisme est mort", vive le pluriculturalisme !

«Le multiculturalisme est mort ! », exclamation lancée par Angela Merkel dernièrement en dit long sur les problèmes d’identités des nations occidentales. Sujettes à des flux migratoires de plus en plus importants dus aux grandes disparités financières entre le Nord et le Sud et à leur attractivité, ces pays font faces à de nombreux problèmes de cohabitation, mais surtout d’identité.

Burquas, minarets, criminels étrangers, identité nationale, une mosquée à ground zero… tant de sujets qui font la une des tabloïds. Tant de mots, mais jamais de réelle prise de position, de vrai dialogue intercommunautaire. La plus part des partis politiques se taisent, les communautés n’osent pas engager le dialogue dans les médias, et ça dérape ; car les seuls qui osent prendre position sont les partis populistes qui basent leur électorat sur cette peur de l’autre.

Mais où se trouve le vrai problème ? À petite échelle, dans la vie de tous les jours, dans les relations voisins voisines, entre collègues, dans les couples, on observe un mélange communautaire bénéfique, une intégration étrangère qui existe. C’est l’expérience du pluriculturalisme vécue. Pas toujours facile, pas toujours réussie, mais l’être humain s’adapte et on apprend à vivre ensemble. Pour certains, le problème vient de la politisation de cette immigration, et la création du multiculturalisme en tant que processus politique qui a pour but de « gérer la diversité en mettant les gens dans des cases ethniques, en définissant les besoins et les droits des individus en vertu de ces cases et en utilisant ces mêmes cases pour orienter les politiques publiques. On est loin de l’ouverture d’esprit – il s’agit au contraire de surveiller des frontières, qu’elles soient matérielles ou culturelles, ou encore imaginaires. » (Kenan Malik, The Globe and Mail, Toronto).

À mon avis, la stigmatisation systématique des étrangers, un dialogue biaisé et les préjugés sont les principales sources du problème. Effectivement, les problèmes surviennent lorsqu’une personne a méconnaissance de l’autre, de sa culture et souvent de sa religion. C’est ainsi que les préjugés façonnent l’image de celui qu’on ne connaît pas, car c’est instinctif et primaire. Mais ceux-ci ont été influencés à coup de campagne (de désinformation) politique, de faits divers dans les journaux, du bouche à oreille et de la peur de l’inconnu. Mais aussi parce que dès que l’on aborde un thème, on assimile toute une partie de la population sous une seule bannière, un porte-parole, en opposition avec une autre. On oppose les valeurs chrétiennes aux valeurs musulmanes, les positions de gauches aux points de vue de droite, etc… ce qui biaise totalement le dialogue. C’est d’ailleurs impressionnant le nombre de personnes qui se revendique chrétiens (et la culture que cela implique) en opposition aux autres religions que par pure convictions et croyances.

Mais ce n’est pas pour autant que les immigrés n’ont pas leur part de responsabilité dans ces problèmes. Effectivement, je trouve la présence des communautés étrangères et leur participation aux dialogues et débats trop faible. Nous avons le droit qu’à quelques interventions d’érudits, sans vraiment avoir de prise de position, ce qui laisse toute la place aux accusations et aux discours extrémistes.  C'est comme ça que  les discours de Tariq Ramadan (personnage omniprésent dans nos médias lorsque l'on veut parler d'Islam) seront assimilés à toute la population de confession islamique, de même pour un certain Christophe Blocher etc... Charles Taylor utilise, dans un article paru au Project Syndicate (Prague), une comparaison tout à fait intéressante avec le mouvement féministe, qui pourrait servir d’exemple aux communautés étrangères. « Pensons à l’influence des mouvements féministes en Occident : ce ne sont pas des personnes venues de l’étranger, mais des individus qui, dans une certaine mesure, ne jouissaient pas d’une citoyenneté pleine et entière qui l’ont exigée et qui, en l’obtenant, on redéfini l’ordre politique ».

 
La mondialisation galopante ne nous permettra pas d’ériger encore et encore des murs entre le Nord et le Sud comme au Mexique ou autours des enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla. Il nous faut donc apprendre à cohabiter, ce qui nécessite des efforts de tous, car nous ne pourrons pas nous voiler la face longtemps sur nos privilèges qui poussent de plus en plus de personnes à émigrer. 




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