samedi, 4 décembre 2010

Question posée mardi soir par la TSR: La Suisse est-elle xénophobe?



Quel peuple au monde répondrait OUI à la question: "Voulez-vous garder un criminel chez vous?"
Comme il n'est plus possible d'éloigner ses propres criminels depuis l'abolition des galères du roi ou du bagne républicain, on éloigne ceux que l'on peut dès que l'on en offre la possibilité... réflexe universel depuis la nuit des temps, et certainement pas xénophobe.
Mais l'UDC avance comme à son habitude à visage masqué. Sous le couvert de vouloir réduire la criminalité, qui est un problème réel préoccupant une majorité de nos concitoyens, elle entraîne le peuple de moutons blancs - c'est ainsi qu'elle nous considère sur ses affiches - à soutenir ses thèmes favoris: le rejet de l'étranger représenté pour l'occasion en violeur sur des affiches "choc", la construction de remparts derrière lesquels on affirme pouvoir assurer sécurité et prospérité, le rejet de toute forme d'intégration européenne, le replis sur soi, le rejet de l'ouverture et de la solidarité. Il n'y a évidemment pas 53% de citoyens de ce pays qui adhèrent à cela. Il y a bien plus sûrement 99.9% de citoyens qui adhèrent à l'idée de réduire la criminalité et 47% de votants qui ont vu et refusé l'amalgame criminel=étranger, qui attendent de la part de tous les partis de vraies solutions à ce vrai problème, touchant les criminels suisses comme les criminels étrangers. Les régions ou villes de Suisse connaissant la plus forte proportion d'étrangers ont d'ailleurs toutes refusé l'initiative, à l'exception du Tessin.
Cela serait faire offense à l'intelligence des leaders de l'UDC que de croire qu'ils ont sérieusement voulu aborder le thème de la criminalité en Suisse avec cette initiative qui, comme le martèle M. Freysinger, permettra d'expulser 800 étrangers par année! Leur question posée au peuple suisse visait un tout autre but: la promotion de leurs thèmes favoris qui, lorsqu'ils ont eu du succès, ont débouché sur les épisodes parmi les plus noirs de l'histoire européenne. Ils savent également que l'application de cette initiative violera les engagements internationaux pris par notre pays et compliquera ses relations avec l'Europe. Ces difficultés qu'ils ont sciemment programmées les réjouissent d'avance.
L'UDC oublie que ce qu'elle met en péril pour soi-disant assurer sécurité et bien-être: à savoir la solidarité européenne, l'ouverture, les échanges sociaux, culturels et commerciaux, ont précisément procuré à notre continent la plus longue période de paix et de prospérité de son histoire. Notre pays en a très largement bénéficié.
La Suisse est-elle xénophobe? Poser cette question ensuite de la votation de dimanche dernier, dans un pays dont 22% de la population résidente est d'origine étrangère, est intellectuellement aussi malhonnête que la question posée au peuple suisse par l'UDC. On peut aussi se demander ce qu'attendait notre service public en invitant pour répondre à cette question Jean Ziegler et Oscar Freysinger, deux personnages certes haut en couleurs mais dont l'outrance bien connue n'est pas au service de la construction d'un pays dont la prospérité et le succès que l'on nous envie reposent sur des équilibres plus nuancés ou subtils.